La ferme des animaux,

la ferme, les animaux !

à partir de la nouvelle traduction de Philippe Jarowski

La révolution, tu feras. (avec coupe), pp. 12-16.

« Camarades, vous n’ignorez pas que j’ai fait un rêve étrange la nuit dernière. J’en parlerai tout à l’heure. J’ai d’abord autre chose à vous dire. Je ne pense pas, camarades, qu’il me sera accordé encore de longs mois à passer parmi vous, et, avant de mourir, je crois être de mon devoir de vous transmettre la sagesse que j’ai pu acquérir. Au cours de ma longue vie, j’ai eu tout le loisir de méditer lorsque j’étais seul dans ma soue, et je crois pouvoir dire que je comprends la nature de la vie en ce bas monde aussi bien que n’importe quel autre animal vivant. C’est de cela que je souhaite vous parler.

               « Quelle est donc, camarades, la nature de notre vie ? Regardons les choses en face : nous menons une vie misérable, laborieuse et brève. Nous naissons, on nous donne tout juste assez à manger pour nous garder en vie, et ceux d’entre nous qui ont la force nécessaire sont contraints de travailler jusqu’à l’épuisement ; et à l’instant où nous cessons d’être utiles, on nous massacre avec une abominable cruauté. Au-delà de l’âge d’un an, pas un seul animal en Angleterre ne connaît la signification des mots « bonheur » ou « loisir ». Pas un seul animal n’est libre en Angleterre. La vie d’un animal n’est que misère et servitude. Telle est la vérité toute nue.

               « Mais la nature a-t-elle vraiment décrété qu’il doive en être ainsi ? Notre pays est-il donc si pauvre qu’il ne puisse offrir une vie décente à ceux qui l’habitent ? Non, camarades, mille fois non ! Le sol de l’Angleterre est fertile, son climat favorable, le pays peut nourrir en abondance un nombre d’animaux bien plus considérable que ceux qui y vivent actuellement. Notre ferme à elle seule pourrait pourvoir aux besoins d’une dizaine de chevaux, vingt vaches, des centaines de moutons, tous vivant dans un confort et une dignité » qu’il nous est aujourd’hui presque impossible de concevoir. Pourquoi donc demeurons-nous dans ce lamentable état ? Parce que tout le produit de notre travail, ou presque, nous est confisqué par les humains. Là, camarades, se trouve la réponse à tous nos problèmes. Elle se résume en un mot : l’Homme. L’Homme est notre seul véritable ennemi. Faites-le disparaître du paysage, et vous extirpez à jamais la racine de la faim et de notre exténuant labeur. […]

               « Camarades, est-ce qu’il n’est pas clair comme de l’eau de roche que tous les maux de notre existence ont pour origine la tyrannie des humains ? Débarrassons-nous de l’homme, et le produit de notre travail sera nôtre. Nous pourrions, presque du jour au lendemain, devenir riches et libres. Que faut-il donc faire ? Eh bien, travailler jour et nui, corps et âme, au renversement de la race humaine ! C’est là mon message, camarades : le soulèvement ! J’ignore quand ce soulèvement se produira, dans une semaine peut-être ou dans cent ans, mais ce que je sais, aussi sûrement que je vois de la paille sous moi, c’est que tôt ou tard justice sera faite. Ne perdez pas cet objectif de vue, camarades, pendant le temps qu’il nous reste à vivre ! Et surtout, faites passer ce mien message à ceux qui viendront après vous, afin que les générations à venir poursuivent la lutte jusqu’à la victoire finale.

               « Et n’oubliez pas, camarades : votre résolution ne doit jamais faiblir. Aucun argument ne doit vous détourner du droit chemin. N’écoutez pas ceux qui vous disent que l’Homme et les animaux ont des intérêts communs, que la prospérité de l’un fera la prospérité des autres. Ce ne sont que des mensonges. L’Homme ne sert pas d’autres intérêts que les siens. Qu’une unité parfaite règne entre nous autres animaux, et une camaraderie sans faille dans le combat. Tous les Hommes sont des ennemis. Tous les animaux sont des camarades. »

 

Ôtez-moi donc ce ruban ! Dans les espaces laïcs, surtout, surtout ! p. 25.

Les questions les plus idiotes furent celles posées par Mollie, la jument blanche. La première question qu’elle adressa à Boule-de-Neige fut : « Est-ce qu’il y aura toujours du sucre après le Soulèvement ?

  • Non, répondit Boule-de-Neige, d’un ton ferme. Nous n’avons pas les moyens de fabriquer du sucre dans cette ferme. D’ailleurs, tu n’en auras pas besoin. Tu auras toute l’avoie et tout le foin que tu voudras.
  • Est-ce que je pourrai encore porter des rubans dans ma crinière ? demanda Mollie.
  • Camarade, dit Boule-de-Neige, ces rubans auxquels tu tiens tant sont l’emblème de ton esclavage. Ne peux-tu pas comprendre que la liberté a plus de prix que ces rubans ? »

Mollie acquiesça, mais ne sembla pas tout à fait convaincue.

Le dimanche, jour de « repos », pp. 40-42.

Le dimanche était jour de repos. On prenait le petit déjeuner une heure plus tard qu’à l’ordinaire, et après le petit déjeuner avait lieu une cérémonie qui se répétait immuablement d’une semaine à la suivante. D’abord, on envoyait les couleurs. Boule-de-Neige avait trouvé dans la sellerie un vieux tapis de table vert appartenant à Mrs. Jones, sur lequel il avait peint en blanc un sabot et une corne. Cela faisait un pavillon que l’on hissait au mât dans le jardin de la ferme tous les dimanches matin. Le vert du drapeau, expliqua Boule-de-Neige, représentait les verts pâturages d’Angleterre ; le sabot et la corne signifiaient la future République des animaux qui verrait le jour lorsque la race humaine serait écrasée. Après la levée du drapeau, tous les animaux se rendaient dans la grange où se tenait une réunion générale qu’on appelait « l’assemblée ». On y établissait le plan de travail pour la semaine à venir ; des résolutions étaient présentées et discutées. C’étaient toujours les cochons qui présentaient les résolutions. Les autres animaux comprenaient comment l’on vote, mais n’avaient jamais de propositions personnelles à faire. Boule-de-Neige et Napoléon étaient de loin les plus actifs dans les débats. Mais on remarqua vite que les deux compères n’étaient jamais d’accord : quelque proposition que fît l’un, l’autre était sûr de penser autrement. Même lorsqu’on décida – et personne ne pouvait s’opposer au projet lui-même – de faire du petit enclos derrière le verger un foyer pour les animaux qui ne pouvaient plus travailler, la question de l’âge raisonnable de la retraite pour chaque catégorie d’animal donna lieu à des discussions houleuses. L’assemblée se terminait toujours aux accents de Bête d’Angleterre, et l’après-midi était consacré aux loisirs.

Discours de Beau-Parleur : Mangez des pommes ! pp. 46-47.

« Camarades ! s’écria-t-il. Vous n’allez tout de même pas croire, j’espère, que nous autres, les cochons, agissons ainsi par égoïsme en nous attribuant un privilège. En fait, beaucoup d’entre nous détestent le lait et les pommes. C’est d’ailleurs mon cas. L’unique raison de cette appropriation est le souci de notre santé. Le lait et les pommes – la science l’a prouvé, camarades – contiennent des substances absolument indispensables à l’équilibre du cochon. Nous autres cochons sommes des travailleurs intellectuels. L’administration et l’organisation de cette ferme dépendent entièrement de nous. Nous veillons jour et nuit à votre bien-être. C’est dans votre intérêt que nous buvons ce lait et mangeons ces pommes. Savez-vous ce qu’il adviendrait si nous, les cochons, manquions à notre devoir ? Jones reviendrait ! Oui, Jones reviendrait ! Assurément, camarades », cria Beau-Parleur d’un ton presque suppliant, en sautillant de côté et d’autre et en agitant sa queue, « assurément, personne ici ne souhaite voir Jones revenir ? »

De l’eau au moulin ! pp. 66-67.

Vint le jour où Boule-de-Neige mit le point final à ases plans. Lors de l’Assemblée qui se tint le dimanche suivant, on vota sur la question de savoir s’il fallait ou non commencer la construction du moulin. Quand les animaux furent réunis dans la grange, Boule-de-Neige se leva, et, en dépit des bêlements des moutons qui interrompaient à plusieurs reprises son discours, exposa les raisons qui plaidaient en faveur de la construction du moulin. Puis Napoléon se leva pour répondre. Il dit posément que le moulin était une sottise, qu’il déconseillait de voter pour le projet, et se rassit aussitôt. Il n’avait pas parlé plus de trente secondes et semblait indifférent à l’effet qu’il avait produit. Sur quoi Boule-de-Neige bondit, et, ayant fait taire les moutons qui recommençaient à bêler, il se lança dans un plaidoyer vibrant pour le moulin. Jusque-là, l’opinion se divisait en deux moitiés à peu près égales, mais en un instant, l’éloquence de Boule-de-Neige transporta l’auditoire. Il peignit, dans une rhétorique flamboyante, l’avenir de la Ferme des animaux une fois que ceux-ci ne devraient plus ployer l’échine sous les tâches sordides. Son imagination le menait à présent bien au-delà des hache-paille et autres coupe-navets. L’électricité, disait-il, pourrait actionner des batteuses, des charrues, des rouleaux, des herses et des moissonneuses-lieuses, en plus de la lumière, de l’eau courante chaude et froide et du chauffage qu’elle apporterait dans chaque stalle. Quand il parvint à la fin de son discours, aucun doute ne subsistait quant à l’issue du vote. Mais, à ce moment précis, Napoléon se leva et, jetant à Boule-de-Neige un étrange regard oblique, il poussa un grognement aigu d’une sorte que personne ne l’avait jamais entendu émettre.

De l’eau au moulin ! (bis) p. 73.

               Le moulin était bel et bien une création de Napoléon, et de lui seul. Pourquoi donc, alors, demanda quelqu’un, s’était-il opposé si fermement à sa construction ? Beau-Parleur prit alors un air matois. Justement, expliqua-t-il : C’était une ruse du camarade Napoléon, qui avait paru y être défavorable à seule fin de se débarrasser de Boule-de-Neige, qui était un individu dangereux et exerçait une influence néfaste. Maintenant que Boule-de-Neige avait disparu de la scène, le projet pouvait avancer sans qu’il s’en mêle. Cela, dit Beau-Parleur, cela s’appelle la tactique. « La tactique, camarades, la tactique ! » répétait-il avec un grand rire de joie, en sautillant et en agitant sa queue.

Discours de Beau-Parleur : Tacher Boule-de-Neige.

               « Camarades, dit-il, je suis sûr que chacun ici apprécie le sacrifice que le camarade Napoléon a fait en assumant cette tâche supplémentaire. N’imaginez pas, camarades, que diriger soit une partie de plaisir. Au contraire, c’est une responsabilité écrasante. Personne n’est plus convaincu que le camarade Napoléon de l’égalité de tous les animaux. Il ne serait que trop heureux de vous laisser l’initiative des décisions. Mais il pourrait vous arriver de faire les mauvais choix, camarades, et où cela nous mènerait-il ? Supposez que vous ayez décidé de soutenir Boule-de-Neige et ses balivernes au sujet du moulin à vent… Boule-de-Neige qui, nous le savons maintenant, n’était rien d’autre qu’un criminel ?

  • Il s’est battu avec courage à la bataille de l’étable, dit quelqu’un.
  • Le courage ne suffit pas, dit Beau-Parleur. La loyauté et l’obéissance comptent bien davantage. Quant à la bataille de l’étable, le temps viendra, je pense, où l’on s’apercevra que le rôle joué par Boule-de-Neige dans cet épisode a été très exagéré. La discipline, camarades, une discipline de fer ! Tel est aujourd’hui le mot d’ordre. Un faux pas, un seul, et nos ennemis nous tiennent à leur merci. Vous ne voulez sûrement pas le retour de Jones, n’est-ce pas, camarades ? »

Discours de Beau-Parleur : endormir le peuple. P. 84.

               « Vous avez donc entendu dire, camarades, que nous autres cochons dormons à présent dans les lits de la maison ? Et pourquoi pas ? Vous ne croyez tout de même pas qu’il a jamais existé un règlement qui interdise les lits ? Un lit n’est rien d’autre qu’un endroit où l’on dort. Un tas de paille dans une stalle est un lit, si l’on veut bien considérer les choses comme il convient. L’interdiction portait sur les draps, qui sont une invention de l’Homme. Nous avons enlevé les draps des lits de la maison et nous dormons dans des couvertures. Et ce sont des lits très confortables, croyez-moi ! Mais pas plus qu’il ne faut, je vous assure, camarades, avec tout ce travail intellectuel que nous avons à faire dorénavant. Vous ne voudriez pas nous priver de notre temps de repos, n’est-ce pas, camarades ? Vous ne voudriez pas que l’excès de fatigue nous empêche de remplir nos missions ? Aucun de vous, sans doute, ne souhaite le retour de Jones, non ? »

Discours de Beau-Parleur : C’est prouvé, ils l’ont dit sur BFM ! (avec coupe) pp. 95-97.

               « Camarades ! » s’écria-t-il, en faisant de petits bonds nerveux. « Nous avons fait une découverte horrible. Boule-de-Neige s’est vendu à Frederick, du domaine des Griffe-Noires, qui complote en ce moment même de nous attaquer et de s’approprier notre ferme ! Boule-de-Neige lui servira de guide quand l’attaque sera lancée. Mais il y a pire que cela. Nous avions cru la sédition de Boule-de-Neige causée seulement par la vanité et l’ambition, mais nous nous sommes trompés, camarades. Savez-vous quelle en était la raison ? Depuis le début, Boule-de-Neige était de mèche avec Jones ! Tout cela est prouvé par des documents qu’il a laissés derrière lui et dont nous venons de nous saisir. Selon moi, cela explique bien des choses, camarades. N’avons-nous pas vu de nos propres yeux comment il tenta – sans succès, heureusement – de nous mener à la défaite et à l’anéantissement à la bataille de l’étable ? » […]

  • Nous avons fait une erreur, camarade. Car nous savons aujourd’hui, grâce aux documents secrets que nous avons découverts et où tout cela est écrit noir sur blanc, qu’en réalité il essayait de nous mener à notre perte.
  • Mais il a été blessé, dit Hercule. Nous l’avons tous vu qui perdait son sang.
  • Cela faisait partie de la machination, s’écria Beau-Parleur. Le coup de fusil de Jones n’a fait que l’érafler. C’est écrit de sa propre maison, je pourrais vous le montrer si vous saviez lire. […]
  • Notre Guide, le camarade Napoléon », déclara Beau-Parleur lentement et d’une voix ferme, « a affirmé catégoriquement – catégoriquement, camarades – que Boule-de-Neige était l’agent de Jones depuis le début. Et même depuis bien avant que nous ayons songé à organiser le soulèvement.
  • Ah, dans ce cas, c’est différent ! dit Hercule. Si le camarade Napoléon le dit, ce doit être vrai. […]
  • Je conseille à chacun d’entre vous de garder l’œil grand ouvert, car nous avons des raisons de penser que des agents secrets de Boule-de-Neige se cachent parmi nous au moment où je vous parle ! »

Mais regardez ! ce sont les chiffres qui le disent ! p. 108.

               Il y avait des moments où il semblait aux animaux que leur journée de travail était plus longue, sans qu’ils fussent mieux nourris qu’à l’époque de Jones. Le dimanche matin, Beau-Parleur, tenant une longue bande de papier dans sa patte, leur débittait des colonnes de chiffres prouvant que la production de chaque catégorie de denrée alimentaire avait augmenté de deux cents, trois cents ou cinq cents pour cent, suivant le cas. Les animaux avaient d’autant moins de raisons de contester ces chiffres qu’ils ne se rappelaient plus très clairement ce qu’étaient les conditions de vie avant le soulèvement. Tout de même, certains jours, ils auraient préféré qu’on leur donne moins de chiffres et plus à manger. […]

Dans ses discours, Beau-Parleur évoquait, les yeux noyés de larmes, la sagesse de Napoléon, son cœur généreux, l’amour profond qu’il éprouvait pour les animaux du monde entier, même – et particulièrement – pour les malheureux qui vivaient dans l’ignorance et l’esclavage des autres fermes.

Extraits courts en vrac, mais intéressants pour l’usage de l’irone, entre autres.

Pages : 

33-34 : C’était très proprement écrit et l’orthographe était impeccable du premier au dernier mot, si ce n’est que « ennemi » avait perdu un n et que l’un des s s’était formé dans le mauvais sens.

43 : À l’automne, il n’y avait pour ainsi dire plus un seul animal qui demeurât totalement illettré.

44 : Aucun des autres animaux de la ferme ne put aller au-delà de la lettre A.

44-45 : Les ailes de l’oiseau, camarades, dit-il, sont un organe de propulsion, non de manipulation. Elles doivent donc être considérées comme des pattes. La marque distinctive de l’Homme est la main, qui est l’instrument de sa malignité.

54 : Il ne restait plus un homme, sauf un.

69 : Plusieurs d’entre eux auraient protesté s’ils avaient été capables de trouver des arguments convaincants. 

71 : Non, les animaux ne voulaient certainement pas le retour de Jones. Si les débats du dimanche matin risquaient de le ramener, alors il fallait en finir avec les débats.

94 : On prit l’habitude d’attribuer à Boule-de-Neige la responsabilité du moindre incident.

130 : Si elle avait été capable d’exprimer ses pensées, elle aurait dit que ce n’était pas là ce dont ils rêvaient, des années plus tôt, lorsqu’ils avaient entrepris de renverser la race humaine. + p. 131 : Elle n’avait dans l’esprit aucune idée de rébellion ou de désobéissance. […] Telles étaient ses pensées, bien que les mots lui manquassent pour les exprimer. (Pour le rapport entre la maitrise du langage et la possibilité de révolte)

129 : À vrai dire, Jones, et tout ce qu’il représentait, s’était complètement effacé de leur mémoire. Ils savaient que leur vie actuelle était pénible et misérable, qu’ils avaient souvent faim, souvent froid, et qu’en général, quand ils ne dormaient pas, ils travaillaient. Mais, à coup sûr, c’était pire dans l’ancien temps. Ils étaient heureux de le croire. En outre, en ce temps-là, ils étaient esclaves et aujourd’hui ils étaient libres, ce qui changeait tout – comme Beau-Parleur ne manquait jamais de le faire remarquer. 

131 : S’il fallait supporter des épreuves, elles étaient en parties compensées par le fait que l’on menait à présent une vie plus digne qu’autrefois. Il y avait plus de chants, plus de discours, plus de défilés. 

132 : Ils trouvaient réconfortant qu’on leur rappelle qu’ils étaient, après tout, leurs propres maîtres et travaillaient à leur seul profit. De sorte que les chants, les défilés, les listes de chiffres de Beau-Parleur, le bruit de tonnerre du fusil, les cocoricos du petit coq et le lever du drapeau leur permettaient d’oublier qu’ils avaient l’estomac vide, au moins une partie du temps.

141 : Quand même, lança-t-il d’une voix indignée, agitant sa queue et sautillant de gauche et de droite, quand même, ils connaissaient suffisamment leur Guide bien-aimé, le camarade Napoléon, pour ne pas se laisser abuser de la sorte ?

147-148 : Beau-Parleur leur expliqua, par exemple, que les cochons devaient consacrer chaque jour un temps de travail considérable à des choses mystérieuses appelées « dossiers », « rapports », « minutes », « mémorandum ».

L’évolution des sept commandements

Discours de Sage l’ancien, pp. 17-18. Les sept commandements, p. 33. Les sept commandements, p. 83. Les sept commandements, p. 107. Les sept commandements, p. 126. Le commandement unique, p. 152-153
Tout ce qui marche sur deux pieds est un ennemi.

Tout ce qui marche sur quatre pieds, ou possède des ailes, est un ami.

Nul animal ne vivra jamais dans une maison, ni ne dormira dans un lit, ni ne portera de vêtements, ni ne boira d’alcool, ni ne fumera de tabac, ni ne touchera d’argent, ni ne fera du commerce.

Aucun animal n’exercera de tyrannie à l’encontre de ses congénères.

Nul animal ne tuera jamais un autre animal. Tous les animaux sont égaux.

1.      Tout ce qui marche sur deux pieds est un ennemi.

2.      Tout ce qui marche sur quatre pattes, ou possède des ailes, est un ami.

3.      Nul animal ne portera de vêtements.

4.      Nul animal ne dormira dans un lit.

5.      Nul animal ne boira d’alcool.

6.      Nul animal ne tuera un autre animal.

7.      Tous les animaux sont égaux.

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« Quatre-Pattes gentil, Deux-Pattes méchant. »

4. Nul animal ne dormira dans un lit avec des draps.

 

 

6. Nul animal ne tuera un autre animal sans raison. 5. Nul animal ne boira d’alcool à l’excès. TOUS LES ANIMAUX SONT ÉGAUX MAIS CERTAINS ANIMAUX SONT PLUS ÉGAUX QUE D’AUTRES

 

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Quatre-Pattes gentil, Deux-Pattes parfait !